Fausse bonne nouvelle : Les quatre espèces classées "En danger critique" sont reclassées dans la catégorie "En danger", mais ces changements sont principalement liés à une amélioration des connaissances plus qu'à une amélioration du statut de l'espèce. Et pour cause, la nouvelle liste rouge intègre aujourd'hui la "Tendance d'évolution des populations" : sur les 38 espèces de reptiles et les 35 espèces d'amphibiens évaluées seule 1 présente des populations en augmentation.

En France, ces listes d'espèces ont été réalisées par le comité français de l'UICN, elles sont disponibles sur leur site internet (ici). La méthodologie est également utilisée par les associations de protection de la nature pour l'établissement de listes rouges régionales.

En mai 2013, une nouvelle méthodologie a vu le jour dans le but de dresser une liste rouge, non plus des espèces, mais des écosystèmes (en libre téléchargement ici).

Les premiers résultats concernant les habitats forestiers en France viennent d'être publiés !

Pour en savoir plus : Premiers résultats sur les habitats forestiers pour la future « Liste rouge des écosystèmes en France » (Comité français de l'UICN).

Alors que de plus en plus d'espèces sont menacées d'extinction sur Terre, de (trop peu) nombreuses actions de conservation voient le jour en leur faveur avec des résultats encourageants pour la plupart. Mais curieusement il semblerait que ce soient les espèces les plus communes et abondantes qui enregistrent les plus forts déclins. C'est en tout cas ce qu'a montré cette étude.

[Préambule : Les auteurs de l'étude rappellent que leurs résultats sont basés sur des données provenant de plusieurs milliers d'études différentes menées dans toute l'Europe. Ce sont donc des estimations qui ont été utilisées et les résultats doivent être interprétés en conséquence. Néanmoins les données ont subi des vérifications considérables et l'ajout d'un niveau élevé de variations aléatoires a conduit aux mêmes conclusions. Ceci suggère une bonne fiabilité des modèles utilisés et donc des résultats obtenus.]

Afin d'étudier l'évolution de l'abondance des oiseaux européens, les auteurs de l'étude ont utilisé des données issues du «Pan-European Common Bird Monitoring Scheme», le Programme paneuropéen de surveillance des oiseaux communs, ainsi que des estimations d'effectifs réalisées par Birdlife International. Ils ont ainsi pu réunir des données d'abondances (par espèces et par pays) pour 144 espèces dans 25 pays de 1980 à 2009.

A partir de ces données, un modèle mathématique a été construit permettant d'estimer l'effectif total des 144 espèces à un peu plus de 2 milliards d'individus en 1980. En 2009, leur nombre ne s'élève plus qu'à 1,6 milliard d'individus. Le modèle montre ainsi une diminution de plus de 20% des effectifs en 30 ans, avec un déclin particulièrement rapide entre 1980 et 1994.

Afin d'analyser plus finement cette diminution, les 144 espèces considérées ont été reparties en quartiles (Q1 à Q4) regroupant chacun ¼ des espèces. En répartissant les différentes espèces selon leur abondance en 1980, les modèles aboutissent à un résultat étonnant : *

- Les espèces du groupe Q4, qui sont les 36 espèces les plus abondantes, sont responsables de 92% de la diminution totale d'abondance enregistrée pour les 144 espèces. Sur les 36 espèces de ce groupe, 22 montrent un déclin significatif (12 montrent une augmentation significative et 2 une diminution non significative).

- L'abondance du groupe Q3 présente aussi une diminution mais comparativement bien moins importante et le groupe Q2 une légère augmentation.

- Enfin le groupe Q1, qui réunit les espèces les moins abondantes, révèle une augmentation de celle-ci. Dans ce quartile, 24 espèces sont en augmentation, 17 de manière significative. Et 12 sont en déclin dont 8 significativement.

Cette étude démontre ainsi que de nombreuses espèces très communes, ont en fait un déclin bien plus important et rapide que des espèces plus rares souvent menacées d'extinction. Ceci est particulièrement inquiétant, comme le soulignent les auteurs, car ces espèces d'ordinaire très abondantes ont un rôle d'autant plus important dans le fonctionnement des écosystèmes.

Par ailleurs, il apparaît que les oiseaux de petite taille soient plus affectés par ce déclin rapide, que ceux de grande taille qui ont plutôt tendance à devenir plus abondants.

Il est à noter que les espèces extrêmement rares (comptabilisant moins de 1500 couples nicheurs en Europe) n'ont pas été considérées dans cette étude. Le quartile Q1 regroupe des espèces considérées comme rares au Royaume-Uni mais dont les effectifs sont supérieurs à ce seuil en Europe. Ce quartile enregistre une augmentation de l'abondance de 260% entre 1973 et 1998. Cette forte augmentation est à attribuer en grande partie au succès des actions de conservation. Cependant beaucoup d'espèces continuent à être menacées ou le deviennent.

Pour conclure, les auteurs de l'étude suggèrent que les financements et les efforts aillent davantage aux programmes environnementaux à large échelle, tels que les mesures agro-environnementales et les schémas d'aménagements d'espaces verts urbains.

Source : Richard Inger, Richard Gregory, James P. Duffy, Iain Stott, Petr Vorisek and Kevin J. Gaston (2014); Common European birds are declining rapidly while less abundant species' numbers are rising; Ecology Letters, Novembre 2014.

* Ce résumé ne parle pas de tous les résultats de l'étude. Ceux-ci aboutissent néanmoins aux mêmes conclusions que celles présentées ici.